19 novembre 2007
Mettre aux pas
« Cet état d'urgence a donc été décrété pour mettre aux pas des médias, y compris la BBC et CNN, et des juristes récalcitrants. » (Serge Truffaut.)
Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé donnent la locution figurée mettre quelqu'un au pas, qui signifie « le dresser », « lui faire entendre raison », « le forcer à obéir » :
Nos concitoyens s'étaient mis au pas, ils s'étaient adaptés. (Camus, dans le Lexis.)
Il n'a plus son air qu'il avait, ton apprenti [...] Il commence à se mettre au pas, tonnerre de Dieu! (A. Daudet, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« La rupture » : http://www.ledevoir.com/2007/11/06/163280.html
01:52 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
18 novembre 2007
Scénario bien rôdé - avec ou sans accent?
« Ce scénario bien rôdé s'est toutefois grippé depuis juin... » (AFP.)
Rôder, avec accent circonflexe, c'est « errer » :
Il rôda au travers des bâtiments et du jardin vides, ne sachant à quoi tuer son chagrin. (Zola.)
Roder, sans accent circonflexe, c'est - dans la phrase qui nous intéresse - « mettre au point par des essais, par la pratique » (Petit Robert, seul ouvrage consulté) :
Leur spectacle n'est pas très bien rodé.
Il fallait donc écrire :
Ce scénario bien rodé s'est toutefois grippé depuis juin...
* * * * *
« ... en prônant le lancement d'un large forum réunissant les partis Flamands et francophones... »
Les adjectifs ethniques prennent toujours la minuscule en français : les partis flamands.
Line Gingras
Québec
« Belgique - Le roi s'implique dans la crise au risque d'être critiqué » : http://www.ledevoir.com/2007/11/13/164200.html
02:51 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
17 novembre 2007
Une méthode de dissuader
« La note de synthèse [...] conclut que des fouilles ciblées et aléatoires de convois constituent "une méthode efficace" de dissuader les troupes... » (Steve Rennie, PC.)
D'après les exemples que j'ai vus dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, méthode introduit son complément au moyen de la préposition de s'il s'agit d'un nom, et de la préposition pour s'il s'agit d'un verbe à l'infinitif :
Méthode de travail, d'organisation, d'enseignement, de calcul, de vente, d'évaluation, d'analyse, de raisonnement...
Indiquer à quelqu'un la méthode pour résoudre une difficulté. (Petit Robert.)
Il a trouvé la bonne méthode pour s'enrichir. (Petit Robert.)
Il [M. Chalgrin] est sur le point de trouver non pas une méthode pour traiter la coqueluche, mais une méthode pour prévenir cette odieuse maladie, une méthode prophylactique. (Duhamel, dans le Trésor.)
Il avait des idées. À dix ans il avait inventé une trappe à mouches, à douze une nouvelle méthode pour gonfler les pneus de bicyclette... (Queneau, dans le Trésor.)
« Oh! dit-il, j'ai une méthode à moi pour lire vite et tous les livres. » (Gide, dans le Trésor.)
Les fouilles constitueraient donc une méthode efficace pour dissuader les troupes...
Line Gingras
Québec
« De la drogue à la base canadienne de Kandahar? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071111/CPACTUALITES/7...
17:05 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
16 novembre 2007
Un maillot de bain, ce n'est pas un vêtement?
« À quelques reprises, des filles sont arrivées avec le maillot de bain islamique, une sorte de combinaison qui couvre bras, jambes et tête.
Généralement, elles optent plutôt pour des vêtements. » (Katia Gagnon, dans La Presse.)
Le maillot de bain est un vêtement (à plus forte raison, dirais-je, s'il s'agit du maillot de bain islamique) : il suffit de consulter le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis ou le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « maillot », pour s'en convaincre. On pourrait dire, peut-être, que des élèves musulmanes optent plutôt pour des vêtements ordinaires.
Line Gingras
Québec
« À la piscine en hijab » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071112/CPACTUALITES/7...
09:24 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
15 novembre 2007
À premier titre, au premier titre
« L'idée que le principal intéressé les ait délibérément passés sous silence est troublante, à premier titre pour ceux qui lui ont toujours donné le bénéfice du doute. » (Chantal Hébert.)
Je dirais certainement au premier titre (comme au premier chef) plutôt que à premier titre (comme à juste titre, à double titre). Cependant, j'ai trouvé un seul exemple utile dans les dix ouvrages consultés :
Une philosophie qui pulvérise l'être en phénoménalités subjectives, la science en impressions fuyantes, desquelles on ne peut avec assurance rien nier ni rien affirmer, n'est-ce point là au premier titre ce que tout le monde appelle scepticisme? (G. Lyon, dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « phénoménal ».)
Line Gingras
Québec
« Le chapitre manquant » : http://www.ledevoir.com/2007/11/05/163194.html
06:07 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
14 novembre 2007
Livraison de l'école au populisme
Le verbe livrer peut vouloir dire « Abandonner à l'action de quelque chose » (Trésor de la langue française informatisé) :« ... il faut reconnaître au président de la Centrale des syndicats du Québec, Réjean Parent, une lecture tout à fait juste lorsqu'il a dénoncé cette semaine la pénible livraison de l'école au populisme et à l'électoralisme. » (Marie-Andrée Chouinard.)
Votre précepte si vanté [...] livre le monde au désordre, à la tyrannie. (Volney, dans le Trésor.)
Livrer une ville au pillage, à l'émeute. (Lexis.)C'est une acception que ne possède pas le substantif livraison, qui désigne plutôt l'action de remettre une personne ou une chose (par exemple une marchandise) à la disposition de quelqu'un :
Si les conditions du traité (toutes les conditions : désarmement, livraison des coupables, réparations) sont fidèlement observées. (Barrès, dans le Trésor.)
La livraison des marchandises, des otages. (Hanse-Blampain.)
Mlle Hortense préparait les colis pour la livraison. (Troyat, dans le Lexis.)
On aurait pu écrire :
... lorsqu'il a dénoncé cette semaine l'abandon de l'école au populisme et à l'électoralisme.
Line Gingras
Québec
« L'école en otage » : http://www.ledevoir.com/2007/11/10/163917.html
06:41 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
13 novembre 2007
Inquiet par ou inquiet de
« Évidemment inquiets par l'inertie des militaires pakistanais, des élus américains se sont rendus sur place. » (Serge Truffaut.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, il n'est pas admis d'introduire le nom ou le pronom complément de l'adjectif inquiet, indiquant le motif de l'inquiétude, au moyen de la préposition par; on doit dire plutôt inquiet de quelqu'un ou quelque chose (ou dans certains cas inquiet pour, inquiet sur - cette dernière construction est cependant vieillie, selon le Trésor) :
Elle est inquiète de votre silence. (Petit Robert.)
Être inquiet du mauvais temps, des affaires de quelqu'un. (Trésor.)
J'allais chez Popelin, que je trouvais [...] très soucieux, très inquiet d'un vertige qu'il avait eu à déjeuner. (Goncourt, dans le Trésor.)
La pression du public de plus en plus inquiet des retombées radioactives. (Goldschmidt, dans le Trésor.)
Il est vrai qu'Eisenhower [...] inquiet du trouble qu'il percevait dans les esprits... (De Gaulle, dans le Trésor.)
On est toujours inquiet de moi et pour moi. (Amiel, dans le Trésor.)
Être inquiet pour l'avenir de son fils. (Lexis.)
Sophie est inquiète de l'avenir, pour lui, sur son sort. (Multidictionnaire.)
Line Gingras
Québec
« La rupture » : http://www.ledevoir.com/2007/11/06/163280.html
08:05 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
12 novembre 2007
Faire sa part
« Le milieu du travail devra aussi faire sa part. Sur ce point, le Dr Davignon montre directement du doigt l'organisation du travail qui, plutôt que d'aplanir les différences intergénérationnelles, les accentue. » (Louise-Maude Rioux Soucy.)
L'expression faire sa part est très souvent utilisée au Québec, au sens d'« apporter sa contribution ». Cependant, d'après le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron, il s'agirait du calque de l'anglais to do one's part - que l'on pourrait éviter en disant plutôt collaborer, contribuer, participer, appuyer, fournir sa part (d'efforts), faire son devoir, y mettre du sien (voir aussi la Banque de dépannage linguistique) :
Toute la population doit *faire sa part* afin de préserver l'environnement = Toute la population doit fournir sa part d'efforts afin de préserver l'environnement / Toute la population doit contribuer à la préservation de l'environnement.
J'ai consulté le Petit Robert (2007), à l'article « part » : faire sa part ne s'y trouve pas. Le Hanse-Blampain, la Banque de dépannage linguistique et le Trésor de la langue française informatisé signalent par ailleurs faire sa part à quelque chose, « lui attribuer sa place, l'importance méritée » (Hanse-Blampain).
Line Gingras
Québec
« Étranger dans sa propre maison » : http://www.ledevoir.com/2007/10/27/162189.html
06:33 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
11 novembre 2007
La mort était due à, et non de
« Les spécialistes égyptiens avaient conclu en 2005 que la mort du jeune pharaon, décédé à l'âge de 19 ans, était due à une blessure à la jambe gauche [...] et non d'un coup reçu sur la nuque. » (AFP.)
Je verrais deux constructions possibles, qu'on ne saurait cependant amalgamer :
... la mort du jeune pharaon, décédé à l'âge de 19 ans, était due à une blessure à la jambe gauche [...] et non à un coup reçu sur la nuque.
... le jeune pharaon, décédé à l'âge de 19 ans, était mort des suites d'une blessure à la jambe gauche [...] et non d'un coup reçu sur la nuque.
Line Gingras
Québec
« Toutankhamon dévoile enfin son visage » : http://www.ledevoir.com/2007/11/05/163164.html
07:45 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
10 novembre 2007
La voie de + infinitif
« Ces motions de censure constituent en fait la voie normale pour l’opposition d’exprimer son désaccord. » (Denis Lessard, dans La Presse.)
Dans la langue classique, le nom voie, utilisé au sens de moyen, pouvait être suivi d'un infinitif complément introduit par la préposition de :
Ses ennemis n'oubliaient rien pour lui ôter toutes les voies de se remettre bien avec son père. (Saint-Réal, dans le Lexis.)
Les dictionnaires généraux que j'ai consultés (Petit Robert, Lexis et Trésor de la langue française informatisé) ne reçoivent pas cet emploi dans la langue moderne; je ne le trouve pas non plus dans le Multidictionnaire ni dans le Hanse-Blampain. Le résultat que l'on recherche, auquel la voie choisie doit conduire, est plutôt indiqué par un nom complément :
Voie des découvertes, des honneurs, des richesses, de la sagesse, du progrès, de la civilisation. (Trésor.)
La phrase à l'étude pourrait se lire comme suit :
Ces motions de censure constituent en fait la voie normale par laquelle l'opposition peut exprimer son désaccord.
Ces motions de censure constituent en fait la façon normale, pour l'opposition, d'exprimer son désaccord.
Line Gingras
Québec
« Le coup de poker de Mario Dumont » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071108/CPACTUALITES/7...
10:27 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
09 novembre 2007
Pour ce faire
« Comme la plupart des autres candidats en lice en 2007, M. Bellemare se dit très préoccupé par "l'augmentation effrénée des dépenses de la ville", notamment la masse salariale. Pour ce faire, il entend mener lui-même les négociations... » (Isabelle Porter.)
L'expression pour ce faire renvoie à une intention, un projet, un but dont il vient d'être question. De quoi s'agit-il donc, ici? La phrase précédente exprime seulement une inquiétude; ce n'est pas un but, mais une raison d'agir. Il faudrait donc soit la présenter comme telle, soit préciser l'objectif qu'on se donne : veut-on freiner l'augmentation des dépenses? stopper cette augmentation? ou même réduire les dépenses? Je proposerais, selon le cas :
... C'est pourquoi il entend...
... Pour cette raison, il entend...
... Pour ralentir cette augmentation, il entend...
... Pour y mettre un terme, il entend...
... En vue de réduire les dépenses, il entend...
* * * * *
D'après le Multidictionnaire et Le français au bureau, on écrit ville avec une majuscule lorsque ce nom désigne l'administration municipale :
La Ville a accepté de financer ces travaux.
Line Gingras
Québec
« Élection à Québec - Bellemare adopte la méthode Boucher » : http://www.ledevoir.com/2007/11/08/163538.html
09:53 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, orthographe, journalisme
08 novembre 2007
Jusqu'à alors
« Pour le premier ministre Matti Vanhanen, "la tuerie a profondément entamé le sentiment de sécurité" qui prévalait jusqu'à alors dans la société finlandaise. » (Agence France-Presse.)
D'après la dizaine d'ouvrages que j'ai consultés - aux articles « jusque » et « alors » -, la préposition jusque « s'emploie sans à » (Girodet) devant l'adverbe alors :
Jusqu'alors, on s'était accommodé de la lampe à huile. (Multidictionnaire.)
Jusqu'alors, il n'avait pas dit un mot. (Lexis.)
Il avait bien travaillé jusqu'alors. (Colin.)
Il avait été maltraité jusqu'alors. (Thomas.)
Jusqu'alors, Louis XIII n'avait pas eu la possibilité d'exprimer sa volonté. (Girodet.)
La musique concrète n'est autre chose que la prise de conscience de ce phénomène jusqu'alors implicite. (Schaeffer, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Je n'aimais point le peuple jusqu'alors, mais dès lors j'eus pitié de lui. (Gide, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« Finlande : l'auteur avait annoncé le massacre sur YouTube » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071107/CPMONDE/711070...
05:24 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, journalisme, presse
07 novembre 2007
Les Canadiens-français
« ... on utilisait des ressources pour rendre hommage à celui qui a proposé un plan de génocide culturel pour les Canadiens-français. » (PC.)
On écrit la littérature canadienne-anglaise, des écrivains canadiens-français, mais un plan de génocide culturel pour les Canadiens français. (Voir le Multidictionnaire.)
Line Gingras
Québec
« Le panneau controversé portant sur Lord Durham enlevé à Ottawa » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071105/CPACTUALITES/7...
05:20 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
06 novembre 2007
Sonner l'alerte
« En 2001, la Commission des états généraux sur la situation et l’avenir de la langue française au Québec sonnait déjà l’alerte. Elle concluait que "plus de la moitié des futurs enseignants ont une connaissance nettement insuffisante de la langue française". » (Violaine Ballivy et Émilie Côté, dans La Presse.)
Le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « sonner », reçoit sonner l'alerte. Cependant, d'après ce que je vois dans cet ouvrage comme dans le Petit Robert, le Multidictionnaire et le Lexis, consultés aux articles « alerte » et « sonner », on dit plus couramment donner l'alerte - ou sonner l'alarme :
Les voisins ont sonné l'alarme quand ils ont vu la voiture en feu. (Multidictionnaire.)
Les sirènes donnèrent l'alerte. (Lexis.)
... des chiens de garde mis en défiance donnèrent bruyamment l'alerte. (Courteline, dans le Trésor.)
... les sentinelles avaient la consigne de donner l'alerte au premier mouvement. (Erckmann-Chatrian, dans le Trésor.)
Le trouble qu'il montra nous donna l'alerte. (Lexis.)
Line Gingras
Québec
« Une lacune difficile à corriger » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071105/CPACTUALITES/7...
04:59 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
05 novembre 2007
Co-exister, co-existence
« ... qui donc peut se mettre à halluciner là-dessus, sinon quelqu'un qui refuse tout simplement de co-exister avec des minorités religieuses? » (Lysiane Gagnon, dans La Presse.)
D'après le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, on écrit coexister, coexistence - sans trait d'union.
« ... les hausses de prix dus aux mauvaises récoltes... »
Ce ne sont pas les prix qui sont dus aux mauvaises récoltes, mais les hausses de prix : dues.
Line Gingras
Québec
« Des tollés injustifiés » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071101/CPOPINIONS/711...
06:20 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, journalisme
04 novembre 2007
Le refus de ne pas modifier
« Le refus manifesté par les responsables chinois de ne pas modifier leur politique économique... » (Serge Truffaut.)
Refuser de ne pas faire quelque chose, c'est tenir à le faire, contre vents et marées. Or, la phrase à l'étude commence le dernier paragraphe d'un texte où il est question de la volonté de ne rien changer - ou du refus de changer quoi que ce soit - à la politique économique de la Chine. On aurait pu écrire :
La volonté manifestée par les responsables chinois de ne pas modifier leur politique économique...
Le refus manifesté par les responsables chinois de modifier leur politique économique...
Line Gingras
Québec
« Falsification chinoise » : http://www.ledevoir.com/2007/10/22/161433.html
04:47 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
03 novembre 2007
Combien de sujets?
« Que cela vous plaise ou non, la séparation de l'État et de l'Église, de l'école et de la religion, sont fondatrices de la société qu'une majorité de Québécois souhaitent aujourd'hui. » (Pierre Foglia.)
Il n'y a qu'un seul sujet, singulier, auquel se rattachent les compléments qui suivent :
Que cela vous plaise ou non, la séparation [...] est fondatrice...
Line Gingras
Québec
« L'intégrisme de Son Éminence » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071101/CPOPINIONS/711...
05:40 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
02 novembre 2007
Interraction, interragir
« "Maintenant, j'interragis avec eux, au moyen de questions et réponses", se félicite Fazeelat Rasool. » (Hélène Buzzetti.)« Toutes font valoir les vertus d'un plan de classe en U qui favorise les interractions. »
Dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis, le Girodet et le Trésor de la langue française informatisé, je ne trouve que les graphies interagir, interaction.
* * * * *
« Lorsqu'on leur demande qu'elle est leur matière préférée, c'est sans hésitation qu'elles répondent presque toutes "islamyat", le cours de religion. »
Bien entendu, il fallait employer l'adjectif interrogatif quelle. On pourrait dire, en effet :
On leur demande laquelle est leur matière préférée.
On leur demande quel est leur cours préféré.
Mais non :
* On leur demande qu'il est leur cours préféré.
Line Gingras
Québec
« "De l'amour, pas des châtiments" » : http://www.ledevoir.com/2007/11/02/162841.html
04:20 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, journalisme
01 novembre 2007
L'abîme dans laquelle...
« ... cela nous a permis de constater la profondeur de l’abîme dans laquelle la nomenclatura du gouvernement du Québec nous a entraîné. » (Michel Vastel.)
Abîme est un nom masculin :
Il y a un abîme entre ces deux opinions. (Petit Robert.)
Dans quoi avons-nous été entraînés? dans l'abîme, qui est profond.
* * * * *
D'origine russe, le nom nomenklatura est admis dans le Petit Robert (2007), sans variante orthographique.
* * * * *
Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe. Le gouvernement du Québec a entraîné qui? nous, masculin pluriel parce qu'il représente l'ensemble de la population : nous a entraînés.
La phrase à l'étude aurait donc dû se lire :
... cela nous a permis de constater la profondeur de l’abîme dans lequel la nomenklatura du gouvernement du Québec nous a entraînés.
Line Gingras
Québec
« Quel boulet, cette ministre! » : http://blogues.lactualite.com/vastel/?p=52
05:46 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
31 octobre 2007
Compléter une déclaration de revenu
« ... tous les citoyens verront la différence en complétant leur déclaration de revenu. » (Manon Cornellier.)
Selon le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais, compléter est un anglicisme au sens de remplir : on remplit un formulaire, un questionnaire, une déclaration de revenus (revenus avec un s, d'après ce que je vois dans le site de l'Agence du revenu du Canada et dans le Grand dictionnaire terminologique).
* * * * *
« M. Dion a dénoncé l'énoncé [il s'agit de l'énoncé économique présenté par le gouvernement conservateur], mais pour ajouter du même souffle que ça ne justifiait pas de provoquer des élections dont les Canadiens ne veulent pas. »
M. Dion a vivement critiqué ou a désapprouvé l'énoncé...
Line Gingras
Québec
« Harper maintient la pression » : http://www.ledevoir.com/2007/10/31/162583.html
05:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
30 octobre 2007
Être éligible à des points
« Pour revenir à ce pouding, à ma grande surprise, certains des commentaires les plus enflammés ne concernaient pas tant le "Nous" que ce dessert né d'une crise économique. En tant qu'aspirante au "Nous", je mentionnais avoir tenté la chose en y mettant beaucoup de sirop d'érable. Je demandais si ça me rendait éligible à des points "AéroNous". Sans le savoir, je m'aventurais en terrain glissant. » (Rima Elkouri, dans La Presse.)
On emploie souvent être éligible, au Québec, au sens de être admissible, avoir droit. Il s'agit toutefois d'un anglicisme, d'après le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais. De fait, le Petit Robert définit éligible uniquement de la façon suivante : « Qui remplit les conditions requises pour pouvoir être élu, et spécialement pour être élu député. »
Il faudrait donc écrire :
Vous êtes admissible [et non éligible] à ce concours, au régime d'assurance maladie.
Je demandais si ça me donnait droit à des points « AéroNous ».
Je demandais si je gagnais des points « AéroNous ».
Line Gingras
Québec
« Pouding chômeur » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071027/CPOPINIONS05/7...
05:51 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse